Transformations à la Maison Blanche : analyse de l’équilibre pouvoir/contre-pouvoir selon Corentin Sellin

Transformations à la Maison Blanche : analyse de l’équilibre pouvoir/contre-pouvoir selon Corentin Sellin

Des travaux à la Maison Blanche et leur signification

Les modifications importantes de l’aile du complexe présidentiel, actuellement en cours, provoquent diverses interprétations. Selon l’historien Corentin Sellin, ces travaux pourraient exprimer des enjeux différents de ceux habituellement évoqués.

Cette réflexion s’appuie sur l’intervention de Sellin dans l’émission Tout un monde de la RTS et sur ses chroniques publiées sur lesjours.fr.

Une lecture politique du geste architectural

Pour l’historien, ce qui est présenté comme un simple aménagement peut être perçu comme le signe d’une centralisation accrue des prérogatives présidentielles. Techniquement, le président dispose d’une marge d’action importante à la Maison Blanche, mais les prédécesseurs avaient l’habitude de soumettre leurs projets à une commission architecturale. À l’inverse, Donald Trump paraît agir sans cette étape, ce qui transforme l’acte architectural en acte politique.

Une concentration des pouvoirs et une redéfinition du cadre légal

Sellin suggère que la Loi a renforcé la position du président au sein de la Maison Blanche, et que Trump assume pleinement ce rôle. Cette lecture présente le geste architectural comme un symbole possible de la centralisation des pouvoirs.

Un affaiblissement des garde-fous et ses conséquences

Les transformations évoquées incluent la fermeture d’agences fédérales, des coupes dans certains programmes universitaires et des bouleversements dans les relations internationales. Selon Sellin, l’accélération de ces évolutions s’appuie sur un affaiblissement des mécanismes de régulation du pouvoir présidentiel.

Selon lui, l’équilibre entre pouvoir et contre-pouvoir est largement rompu, ouvrant la voie à une poursuite de ce rythme d’action.

La justice et les médias face à l’évolution du pouvoir

Le rôle de la justice est aussi abordé: des juges de première instance pourraient formuler des objections, mais les cours d’appel et surtout la Cour suprême tendraient à accorder une part croissante à l’administration Trump, en grande partie parce que nombre de juges ont été nommés par lui.

Cette dynamique favoriserait une certaine déférence du système judiciaire envers le pouvoir exécutif et laisserait une marge d’expérimentation dans la réduction de l’action de l’État fédéral.

Du côté des médias, l’influence et l’indépendance pourraient également être affectées, selon l’historien, par des rachats par des proches du président et par une évolution éditoriale dans certains titres, qui intègrent le poids électoral de Trump et modèrent leur critique.

Propos recueillis par: Eric Guevara-Frey. Adaptation web: Miroslav Mares.