Nobel de médecine attribué à un trio pour le contrôle du système immunitaire et la tolérance périphérique

Récompense Nobel et enjeux des recherches
Le prix Nobel de physiologie ou médecine attribué cette année s’intéresse à la régulation du système immunitaire pour lutter contre les microbes tout en évitant les maladies auto-immunes, selon Marie Wahren-Herlenius, professeure à l’institut Karolina.
Les chercheurs lauréats et leur parcours
Shimon Sakaguchi, âgé de 74 ans, est immunologue à l’université d’Osaka et a ouvert la voie dans ce domaine dès 1995. Mary E. Brunkow, 64 ans, collabore avec l’Institute for Systems Biology de Seattle, tandis que Fred Ramsdell, également âgé de 64 ans, évolue chez Sonoma Biotherapeutics à San Francisco.
La tolérance immunitaire et le rôle des lymphocytes T
Les lymphocytes T jouent un rôle central dans la défense immunitaire. Les lymphocytes T auxiliaires patrouillent dans l’organisme et, s’ils détectent un envahisseur, ils alertent d’autres cellules du système immunitaire; les lymphocytes T tueurs éliminent les cellules infectées et peuvent aussi cibler des cellules tumorales.
Les récepteurs à la surface des lymphocytes T, extrêmement variés, permettent d’identifier les fragments viraux présentés par le complexe HLA sur les cellules infectées. Lorsque l’un de ces récepteurs se lie à un fragment viral, le lymphocyte T s’active et déclenche une réponse immunitaire coordonnée.
Diversité des récepteurs et éducation du système immunitaire
La diversité des récepteurs des lymphocytes T est telle que l’organisme pourrait théoriquement produire plus de 1’000’000’000’000’000 de variantes, ce qui assure la détection de virus émergents comme le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de COVID-19. Cependant, certains récepteurs peuvent aussi reconnaître des parties des tissus propres à l’organisme; c’est pourquoi l’éducation du système immunitaire est nécessaire.
Le thymus joue un rôle clé dans cette éducation: il fait maturer les lymphocytes T et assure l’éducation du système immunitaire; chez l’adulte, le thymus peut diminuer en volume et en activité.
Les lymphocytes T régulateurs et la tolérance périphérique
Des expériences menées sur des souris dépourvues de thymus peu après la naissance ont permis d’identifier les lymphocytes T régulateurs, considérés comme les gardiens du système immunitaire. Ces cellules sont capables d’empêcher les lymphocytes T d’attaquer involontairement les tissus de l’organisme, contribuant ainsi à la tolérance immunitaire périphérique et à la régulation de la réponse après l’élimination d’un envahisseur.
Impact sur la recherche et les traitements
Les travaux réalisés par ce trio ont ouvert un nouveau champ de recherche et favorisé le développement de traitements potentiels pour le cancer et les maladies auto-immunes.
Récompense, réactions et cadre financier
Le Comité Nobel a salué la valeur fondamentale de ces découvertes et leur apport à l’humanité. Selon les communications disponibles, seul Shimon Sakaguchi a pu être joint par l’Académie; les deux autres lauréats auraient tenu leurs téléphones en mode silencieux.
Le Nobel comprend un diplôme, une médaille d’or et une dotation d’environ 11 millions de couronnes suédoises, soit environ 935’000 francs.