Le gouvernement de Sébastien Lecornu survit de justesse à une motion de censure : analyse des votes et des soutiens
Répartition des voix et soutiens autour des motions de censure
La motion déposée par La France insoumise a récolté 271 voix, soit 18 suffrages de moins que le seuil nécessaire de 289 pour renverser le gouvernement. Elle a reçu le soutien d’une partie de la gauche, notamment des communistes et des écologistes, ainsi que d’une portion de l’extrême droite représentée par le RN et l’UDR dirigée par Eric Ciotti.
Eric Ciotti a déclaré : « La France mérite mieux qu’un système qui s’effondre », appelant à censurer un « gouvernement socialiste ». Marine Le Pen, présidente du groupe RN, a dénoncé un budget selon elle « un véritable musée de toutes les horreurs » réunies au sein des tiroirs du ministère des Finances.
La seconde motion, portée par l’extrême droite, a été largement rejetée en n’obtenant que 144 voix, la gauche refusant d’y apporter ses suffrages.
RÉPUBLICAINS ET SOCIALISTES SAUVENT LE GOUVERNEMENT
Malgré l’éviction du gouvernement dirigé par Bruno Retailleau, Les Républicains n’ont pas soutenu les motions de censure. « C’est en considération de l’intérêt national que les députés de la Droite républicaine ont aujourd’hui décidé de ne pas censurer ce gouvernement », a déclaré le député Jean-Didier Berger à la tribune.
Il a toutefois prévenu : « Ne pensez pas que nous pourrons accepter tout et n’importe quoi s’agissant de la réforme des retraites », estimant que cette réforme est « nécessaire » mais « insuffisante ».
Le Parti socialiste n’a pas soutenu non plus la motion déposée par LFI, même si certains députés l’ont votée. Le député socialiste Laurent Baumel a appelé le Premier ministre à faire de « nouvelles concessions » lors des débats budgétaires, ajoutant que la « non-censure » de jeudi n’était « en aucun cas un pacte de non-censure ».
« La pérennité même de votre gouvernement » serait liée à l’effectivité de la suspension de la réforme des retraites promise, et « il n’y aura pas d’entourloupe ou de ruse procédurale », a-t-il prévenu.
Explications de Tamara Muncanovic
Dans le cadre du 12h45, Tamara Muncanovic a apporté ses explications sur les motions de censure en France, à Paris.
RESPONSABILITÉ HISTORIQUE ET PERSPECTIVES
Mathilde Panot, cheffe de file des Insoumis, a fustigé que le Parti socialiste porte une responsabilité historique dans l’échec de la motion déposée par LFI et a appelé les sympathisants et militants du PS à rompre les rangs. Elle a aussi annoncé le dépôt d’une nouvelle motion visant directement le président Emmanuel Macron.
Durant les débats, Aurélie Trouvé a estimé que voter cette motion revenait à exprimer notre attachement viscéral à la démocratie, tout en rappelant que la question de la réforme des retraites demeure au cœur des crispations. « À vous tous qui avez fait grève et avez manifesté, nous ne vous trahirons pas », a-t-elle insisté.
Insoumis, écologistes et communistes estiment que le texte budgétaire prévoit des mesures d’économies jugées inacceptables, telles que le gel des prestations sociales ou le doublement des franchises médicales. Les socialistes parient quant à eux sur une modification de ces mesures lors des débats parlementaires.
Les discussions budgétaires, présentées au Conseil des ministres mardi et évaluées autour de coupes d’environ 30 milliards d’euros, doivent débuter à l’Assemblée la semaine prochaine.
jop avec agences