Jul réinvente Picsou à la française, Disney l’aurait approché et affirme : « C’est Disney qui est venu me chercher »
Une approche française pour l’emblématique Picsou
Pour la première fois, Disney confie la réécriture du personnage de Picsou à un auteur français. Jul, scénariste de Picsou et les Bit-coincoins, revient sur Forum sur cette initiative qui s’inscrit comme une étape notable venant d’Europe et renouvelant l’univers de l’icône du capitalisme.
« C’est un peu révolutionnaire, finalement, que ce soit depuis ce côté de l’Atlantique qu’on ravive ce personnage », déclare Jul dans l’émission Forum et précise que « Je n’aurais jamais eu cette idée par moi-même, c’est Disney qui est venu me chercher », ajoute-t-il.
« Il y a de l’humour, on joue avec les mots, sur le langage. C’est sans doute ce mélange qui donne à ce Picsou son goût singulier », souligne-t-il.
Cette démarche inédite lui a permis de s’immerger avec passion dans l’univers riche de Disney, apportant une touche nouvelle à l’icône du capitalisme. « C’est peut-être là la différence dans mon travail avec Nicolas Keramidas. Il y a de l’humour, on joue avec les mots, sur le langage. C’est sans doute ce mélange qui donne à ce Picsou son goût singulier », précise Jul.
Toutefois, malgré cette touche d’humour linguistique, le nouveau Picsou conserve ses éléments classiques: son coffre-fort, ses rebondissements, ses péripéties et ses personnages emblématiques.
De Charlie Hebdo à Lucky Luke et Picsou
Si Jul est reconnu pour son humour mordant et son engagement politique, notamment à Charlie Hebdo, c’est son travail sur Lucky Luke qui a convaincu Disney. Depuis 2016, il scénarise les aventures du cow-boy solitaire, avec des albums mêlant humour, histoire et satire sociale, accessibles à toutes les générations.
Cette capacité à créer une lecture familiale, développée au fil de onze albums, a rassuré Disney. Pour ces albums, Jul explique avoir « mis en sourdine tout le côté grinçant qu’il pouvait y avoir de l’humour politique » au profit d’un univers plus accessible.
Influenceurs, Duckfaces et crypto : Picsou à l’ère digitale
Dans ce Picsou modernisé, Jul exploite le contraste entre le vieux milliardaire et les figures contemporaines de la tech. « Il est cupide, radin, calculateur… et pourtant, on éprouve presque de la pitié pour lui. Il suscite une forme de sympathie. » Dans l’histoire, il est confronté aux super canards de la tech, les ultra-gigas milliardaires qui ressemblent à nos Elon Musk et Jeff Bezos d’aujourd’hui. Et là, on se rend compte qu’on le regrette presque.
« Les Castors Juniors lui apprennent à soigner son image sur les réseaux sociaux, à faire des duckfaces… ce qui n’est pas évident pour un canard! », écrit Jul.
Le créateur avoue également être « complètement largué » par le fonctionnement des cryptos. Pour rendre cet univers plus accessible, il s’appuie sur le décalage comique entre un Picsou dépassé et ses neveux ultra-connectés: « Heureusement, les Castors Juniors sont devenus des sortes d’influenceurs dans leur école. Ils lui donnent des cours, lui apprennent à soigner son image sur les réseaux sociaux, à faire des duckfaces… ce qui n’est pas évident pour un canard ! »
Ce regard naïf et critique permet à la BD de vulgariser les cryptomonnaies sans prétendre tout expliquer. Cependant, le monde de la finance s’empare du sujet, saluant l’entrée des cryptomonnaies dans la culture populaire à travers une œuvre intergénérationnelle.
Propos recueillis par Renaud Malik et Thibaut Schaller. Adaptation web: Miroslav Mares.