Feu! Chatterton réinvente son univers dans Labyrinthe : une quête musicale et initiatique
Feu! Chatterton : Labyrinthe, une exploration initiatique et musicale
Quatrième album du groupe, Labyrinthe s’engage sur des chemins d’exploration qui s’éloignent rapidement des sentiers connus. Après l’ouverture Allons voir, premier extrait qui porte la patte du groupe, le collectif dirigé par Arthur Teboul s’éloigne vers des univers sonores moins explorés, tout en conservant un lyrisme typique et une poésie imagée évoquant l’exil, la solitude, les certitudes brisées et les joies simples.
Des défis qui nourrissent la création
Selon Arthur Teboul, l’album a été particulièrement difficile à concevoir. Il rappelle que chaque œuvre traverse des périodes délicates et précise que Labyrinthe se situe comme une étape entre deux âges. Le groupe a traversé une période mouvementée sur le plan personnel et professionnel, marquée par des naissances, des départs et la perte d’un proche mentor, leur manager. Teboul évoque aussi une hospitalisation qui a affecté sa condition physique, et affirme que la musique a été leur fil d’Ariane, une lumière dans le chemin, même si l’ouvrage porte une part d’ombre. L’idée est que la route et le chemin forment une initiation collective à travers laquelle il faut avancer ensemble.
Dédales expérimentaux et influences
Les épreuves et l’adversité ont profondément nourri le processus créatif. Sébastien Wolf, guitariste du groupe, souligne l’importance d’accepter l’ennui et le temps perdu, qui peuvent engendrer de beaux accidents dans la création. Labyrinthe mêle des textures issues de rythmes latinos, de rock psychédélique, d’électro hypnotique, de pop mélodique, de chansons au piano, de folk et de new wave, sans que la variété n’altère l’écoute. Certaines réinterprétations s’intègrent habilement au répertoire, comme l’adaptation guitare-voix du Carrousel du temps perdu de Léo Ferré et la mise en musique électronique du poème d’Aragon « J’arrive où je suis étranger », déjà mis en musique par d’autres artistes, qui trouvent leur place dans l’ensemble.
Cette démarche est née en partie d’une résidence de deux mois au musée du Louvre à Paris, qui a inspiré les idées architecturales du projet.
Volonté d’épure et continuité stylistique
Le groupe affirme une volonté d’épurer le plus possible, même lorsque certaines chansons s’allongent. L’équilibre entre des textes littéraires, un chant parfois exalté et des propositions musicales variées parvient à préserver l’élan du quintet, déjà notable depuis près de quinze ans. Feu! Chatterton continue d’allier poésie et musicalité sans s’égarer, en maintenant une trajectoire fluide et cohérente.
Quatre ans après Palais d’argile, le quintet parisien prend encore une dimension nouvelle, soutenue par les salles qui l’accueillent lors de sa tournée, prévue jusqu’à fin 2026.
Note: 5/5
Propos recueillis par Julie Evard. Adaptation web et critique : Olivier Horner. Feu! Chatterton, Labyrinthe (Universo Em Fogo/Virgin Records). Paru le 12 septembre 2025. En concert aux Docks, Lausanne, le 19 novembre 2025 (complet) et à l’Arena, Genève, le 8 décembre 2026.