En Suisse, la famille demeure au cœur du réseau social des jeunes selon une vaste étude
Rôle central de la famille dans le réseau social des jeunes suisses
En dépit de l’essor des réseaux sociaux, la famille proche occupe une place centrale dans le réseau personnel des jeunes de 19 ans en Suisse, selon une vaste étude. Le constat n’allait pas de soi, indiquent les chercheurs dans un communiqué.
Contrairement à une vision qui ferait des jeunes adultes des individus s’appuyant essentiellement sur des liens amicaux ou amoureux, l’étude montre que les parents et les frères et sœurs restent des interlocuteurs importants pour la majorité des répondants. L’hypothèse d’un réseau fondé majoritairement sur des relations amicales ou amoureuses, complété par quelques liens professionnels, n’est pas vérifiée.
Isolement social et trajectoires
Une proportion notable de jeunes demeure toutefois isolée: environ 15 % n’ont aucune ou presque aucune personne significative comme ressource.
Le sociologue Eric Widmer, professeur à l’Université de Genève et responsable scientifique de CH-X, rappelle que la question de l’isolement social revêt une importance particulière en Suisse comme dans d’autres démocraties occidentales. Ce phénomène ne concerne pas uniquement les jeunes, il se retrouve aussi chez les personnes âgées.
Il précise que nombre de jeunes entrant dans l’âge adulte se trouvent confrontés à des situations de désinsertion relationnelle, souvent liées à des trajectoires scolaires fragiles ou à des milieux familiaux marqués par la précarité économique.
Des liens qui ne comblent pas la pauvreté
Les réseaux sociaux façonnent les trajectoires de vie, l’autonomie, le bien-être et les perspectives d’avenir des jeunes. Ils présentent une grande diversité et conduisent à des niveaux de bien-être et des aspirations différentes.
Les actions publiques en matière de jeunesse pourraient s’en inspirer afin de compléter leurs interventions, notamment en matière d’isolement social et d’insertion sur le marché du travail, souligne le communiqué.
L’étude précise aussi que la sociabilité dépend des ressources mises à disposition par les parents — ressources socio-professionnelles, familiales et financières — et influence le nombre et la diversité des contacts. Par exemple, les jeunes issus de familles monoparentales ou de ménages modestes affichent des réseaux moins fournis et des contacts moins réguliers.
Selon les chercheurs, pauvreté et manque de formation ne sont pas compensés par une sociabilité accrue; au contraire, les personnes concernées se trouvent doublement désavantagées.
Profil des réseaux selon le genre
Enfin, l’étude relève des différences liées au genre: le nombre moyen de personnes dans les réseaux des jeunes hommes est de six, contre huit chez les jeunes femmes.
Ces chiffres doivent toutefois être interprétés avec prudence, car l’échantillonnage diffère selon le sexe: environ 65 000 jeunes interrogés lors du recrutement pour les hommes, contre environ 15 000 personnes interrogées hors cadre fédéral chez les femmes.