Concessions douanières américaines: les milieux agricoles suisses se disent rassurés tout en restant vigilants
Cadre et enjeux des concessions douanières
Un accord entre la Suisse et les États-Unis prévoit de ramener les droits de douane à 15 %, ce qui pourrait favoriser l importation de viande américaine en Suisse et influencer les marchés agricoles nationaux.
Cette évolution a suscité des réactions diverses, certaines estimant que des intérêts économiques prévalent, tandis que d autres soulignent que l agriculture helvétique et les consommateurs pourraient être impactés par ces choix commerciaux.
Réactions et positions des acteurs agricoles
Du côté politique, le conseiller national et agriculteur Pierre‑André Page, affilié à l UD C, se montre plutôt rassurant: selon lui, l accord est important pour la production du Gruyère, et même si les droits de douane passent de 39 % à 15 %, cela représente une amélioration par rapport à la situation actuelle dans sa ferme où l exportation est significative.
Dans l analyse du secteur, Michel Darbellay, membre de la direction de l Union suisse des paysans (USP), souligne avant tout un soulagement pour le secteur laitier. Il estime que le marché du lait, des fromages et du chocolat suisses bénéficie de l ouverture envisagée et rappelle que le secteur a déjà investi pour maintenir sa présence sur le marché américain.
Concernant les pièces liées à la viande américaine, l élue professionnelle tempère les inquiétudes: si l accès se fait dans le cadre de contingents et de règles non tarifaires, la trajectoire pourrait rester gérable.
Concessions et volumes concernés
Les concessions portent sur un total de 3000 tonnes de viande, réparties en 500 tonnes de bœuf, 1000 tonnes de bison et 1500 tonnes de volaille. Selon Michel Darbellay, ces volumes restent nettement inférieurs aux quantités importées annuellement en Suisse.
Pour mémoire, en 2024, la Suisse avait importé un peu plus de 100 000 tonnes de viande, principalement en provenance d Allemagne et d Autriche, tout en produisant environ 450 000 tonnes sur le territoire.
Du point de vue de l USP, l essentiel est de veiller à ce que ces importations restent strictement encadrées par le contingent tarifaire afin de ne pas ajouter une pression supplémentaire sur l agriculture locale. Le cadre non tarifaire sera également scruté afin d éviter tout dérapage.
Sur la question de la présence éventuelle de produits américains controversés, Michel Darbellay rappelle que le poulet traité au chlore est interdit en Suisse et que la filière surveillera le respect des mesures non tarifaires. Quant au boeuf hormoné, il doit faire l objet d une déclaration obligatoire.
Daniel Schwager, agriculteur interviewé, précise que la part de volaille produite en Suisse représente environ 60 % de la consommation nationale, les 40 % restants étant importés. Il ajoute que, dans les grandes surfaces, le consommateur choisit entre un produit suisse et un produit importé.
Une pression internationale croissante
Si l accord avec Washington est jugé gérable, le contexte international demeure préoccupant pour l agriculture suisse. D autres accords commerciaux et négociations, notamment avec le Mercosur, exercent une pression notable. L Union suisse des paysans estime qu il est incompréhensible que le Conseil fédéral envisage des économies dans le secteur agricole, notamment à travers le programme d allégement prévu pour 2027, et appelle à ce que l agriculture fasse l objet d exemptions face à l accumulation de nouvelles concessions.