Au Tessin, des tarifs de crémation qui nourrissent la concurrence transfrontalière
Tarifs et concurrence transfrontalière dans les crématoires tessinois
Pour l’incinération des proches, les familles italiennes vivant près du lac de Côme ou dans la vallée d’Intelvi privilégient souvent l’option transfrontalière plutôt que les centres tessinois situés à Côme ou Sondrio, accessibles en environ une heure de route.
Les tarifs pratiqués par les prestataires italiens se situent autour de 650 à 700 euros (environ 600 à 650 francs), contre 800 francs pour les résidents tessinois.
Conditions commerciales et bénéficiaires
L’Association tessinoise de crémation, qui exploite les crématoires de Lugano et Chiasso à but non lucratif, confirme l’existence de dispositions commerciales spécifiques liées à des partenariats historiques avec certaines sociétés italiennes. Ces remises seraient destinées directement aux familles italiennes et non aux entreprises tessinoises, et ne seraient pas accordées aux entreprises locales.
Une tarification élevée malgré l’ouverture des frontières
Avec l’ouverture récente des sites de Chiasso et Carasso, le Tessin compte aujourd’hui cinq crématoires pour 360 000 habitants, soit une concentration plus marquée qu’ailleurs en Suisse. Chaque installation traite en moyenne près de 700 dépouilles annuellement, toutes origines confondues, contre environ 2 400 en Suisse alémanique.
Face à ces coûts d’exploitation, les tarifs tessinois restent élevés: pour les non-domiciliés, le tarif moyen dépasse les 800 francs dans les établissements de Chiasso, Lugano et Carasso. Lausanne affiche quant à elle 830 francs pour les non-résidents. À Bellinzone, les non-domiciliés paient 800 francs, mais les habitants bénéficient d’un tarif réduit à 650 francs; le crématoire de Riazzino n’a pas publié ses tarifs et a refusé de communiquer à RSI, selon des documents cités par Patti chiari, ce qui le présenterait comme l’un des plus coûteux du pays avec environ 880 francs par incinération.
Le « marché italien » et les pratiques opérationnelles
Pour équilibrer leurs comptes, certains crématoires n’hésitent pas à cibler le marché italien. Le site de Carasso a même déplacé temporairement son siège à Balernа près de la frontière (avant d’être rapatrié à Bellinzone). L’accord entre la Suisse et l’Italie facilite le transport des dépouilles dans la zone frontalière, ce qui accélère les démarches et peut réduire les coûts.
Selon Patti chiari, une offre a été adressée à une entreprise de pompes funèbres italienne proposant tout le forfait transport du corps, crémation, urne et remise des cendres pour 550 euros, sous condition de moins de 100 incinérations, et 490 euros à partir de 200 dépouilles — soit environ 450 francs par incinération, soit plus de la moitié du prix tessinois.
Cette offre a-t-elle été acceptée et le contrat demeure-t-il actif ? Le crématoire de Carasso a répondu de manière laconique: « Jusqu’à preuve du contraire, en Suisse, le libre marché prévaut. »